Chapitre 5

Publié le par Jean-Jacques Brissiaud

AVEC 'LA VERITE' ON Y VERRA PLUS CLAIR
 
 
Forts de tout ce que nous savons et d'une joie de vivre toute neuve, nous allons compliquer encore un peu la chose. Si, si, c'est possible comme disait grand-père en essayant d'escalader grand-mère par la face nord.
Parce qu'en fait, les choses qui agissent sur nous sont-elles vraies ?
 
Vous magasinez pénard et vous prenez un pot de fleurs sur la tronche. Pas de doute, l’interaction gravitationnelle a joué son rôle, votre crâne a essayé de jouer le sien et votre cerveau vous a conseillé de faire un petit somme, réaction tout à fait banale en cas de douleur trop violente. La nature, en dehors de toute intervention humaine, ne nous impose jamais d'avoir à supporter l'insupportable. Donc simple sensation de choc, la douleur ne venant que plus tard histoire de vous rappeler qu'il s'est passé quelque chose et qu'il faut sans doute réagir, au minimum en se tenant pépère tranquille un moment dans son coin.
 
Vous voyez trois hyènes autour d'un zèbre essoufflé d'avoir trop couru (visible aussi en ville mais les hyènes ont alors des casquettes plates et un sifflet à roulette), elles ne sont pas là pour le ramener à la maison, le zèbre, point sur lequel lui-même est d'accord. Et lorsqu'elles passeront à l'action, encore une fois, son agonie ne sera pas plus douloureuse qu'une piqûre d'ortie blanche sur le cul d'un mammouth, mais purement réflexe, la douleur, cette fois-ci, ne venant même pas plus tard vu que le plus tard de l'équidé se réduira à l'état de steak qui, comme chacun le sait, dispose d'une sensibilité à peine supérieure à celle d'une commission de retrait de permis de conduire au grand complet.
 
Tout ça, c'est de la vérité pure et dure comme l'émotion du monsieur collé à vous dans le métro à la station porte de Pantin un soir à 18 h 12.
De la vérité incontestable, sur laquelle tout le monde tombe d'accord et surtout ... comprend la même chose ! Avec cette vérité objective, tout est simple ...
 
C'est la vérité subjective qui complique tout ... Mais qu'est-ce que c'est ?
 
C'est notre vérité à nous tout seul, bien enfouie au fond de nous et, encore une fois, conditionnée par notre vécu, par toutes ces influences que nous avons subi. C'est le garçon qui, au restaurant, vous propose : "Je vous conseille notre bonne morue salée du jour, elle est superbe ! ". C'est son goût, sa vérité, sa culture qu'il est en train de vous vendre. Vous, vous risquez de penser qu'il a des goûts de chiottes si maman vous a élevé à l'huile de foie de la bête ou, pire, vous pouvez penser qu'il est en train d'essayer de vous refiler une pute récemment débarquée d'un port de pêche breton.
 
Eh ouais ... c'est ça la vérité subjective.
Des trucs découlant d'un profil socio-culturo-éducato-psycho-sexo-religieux qui varie forcément d'un individu à l'autre, ceci d'autant plus que les lits dans lesquels ils dorment sont éloignés. Pourquoi se sent-on souvent si seul dans la vie ? Bah oui, bien sûr ... comme il n'y a personne d'autre ayant strictement votre passé à vous, il n'y a personne d'autre pour vous comprendre comme vous vous comprenez et donc ... vous êtes seul dans votre tête avec une foultitude de sentiments, d'émotions, de désirs et d'angoisses tellement spécifiques à vous seul que vous ne pourrez jamais les partager.
Oh bien sûr, vous pouvez essayer. Mais comme l'autre raccrochera ce que vous dites à son vécu à lui, immédiatement il "traduira" vos propos par rapport à ce dernier, ce qui lui fera ressentir forcément autre chose. Et tout deux vous croirez être d'accord alors que, dans tous les cas, vous ne parlez jamais de la même chose.
Vous suivez ? Mais non je vous prends pas pour des niaiseux mais moi-même parfois ...
 
Donc la vérité objective c'est vrai et on se comprend entre nous. La vérité subjective c'est vrai que pour nous et on ne peut donc pas comprendre les autres ni être compris d'eux. Ce n'est pas obligatoirement grave dans des quotidiens individuels, mais notre société humaine est quand même à peu près totalement pourrie à cause de ça. Je dis humaine, parce qu'un animal n'est pas trop emmerdé par le subjectif ayant déjà assez à faire pour assumer l'objectivité de la survie et de la procréation.
 
Le gros, gros, gros problème, c'est que les vérités objectives, il n'y en a pas des masses : à part faim, soif, sommeil, envie de pisser et autres banalités essentielles du genre "je m'enverrais bien en l'air ce soir", il y a peu de chance que nous sachions exactement ce que ressent l'autre. Parce qu'une fois l'envie ou le désir passé, "j'ai bien mangé" tant qu'on n'a pas envie de dégueuler, "j'ai bien bu" tant qu'on n’est pas proche du coma éthylique ou "j'ai bien" ou "mal dormi", ça n'a déjà plus le même sens d'un individu à l'autre.
- avec le même repas, l'une pourra trouver que c'était délicieux alors que l'autre aura trouvé ça immangeable tout en sortant un "je n'ai jamais rien mangé d'aussi bon quelle cuisinière !" poli à la maîtresse de maison surtout s'il a l'intention d'aller avec elle à la case "chambre tu me montres ta viole et on joue du biniou" sans passer par la case "salon vous voulez un petit café ?". S'ils sont éventuellement d'accord sur la fin de soirée, ils ont complètement raté leur communication culinaire ce qui, vous vous en doutez, aura des conséquences fâcheuses si l'une des deux s'imaginait être en train de vivre les prémisses d'une vie de couple tranquille avec un bon petit boulot dans une sous-préfecture coquette et tristounette du fin fond de l'Ardèche. Vous qui assistez à la scène en spectateur, et donc avec toutes les cartes en main, vous avez compris que le monsieur va consommer la dame mais ne goûtera plus son consommé.
- pour le sommeil, vu qu'il est le reflet direct de la vie, une bonne ou mauvaise nuit n'aura jamais le même sens d'une personne à l'autre. Et pour ceux qui ne dorment pas tout de suite, la phase "ah oui je te veux, tu me veux, on se veut, oh oui c'est bon, encore, encore, là oui comme ça youpiiiiiiiii !" (j'ai abrégé. Temps réel contrôlé par huissier : 7 mn 34 s), même cette phase, donc, n'est partagée qu'individuellement chacun de son côté tellement il y a de différences entre la sexualité des hommes et celle des femmes, ce fait découlant lui-même de différences fondamentales autant que physiologiques et hormonales et blabla blabla ... ceci évidemment en admettant que l'un des deux n'a pas fait semblant (en général la dame, le monsieur c'est plus dur ... façon de parler). Donc quand chacun va dire "que c'était bon", aucun des deux ne ressent la même chose. Enfin, l'important c'est qu'ils soient d'accord.
 
On peut toutefois rencontrer des situations plus graves.
Vous êtes en voiture avec une super nana que vous voulez séduire. Vous n’êtes pas con et vous savez bien que le meilleur moyen c'est de la faire rire. Vous faites et, comme le rire est communicatif, vous riez aussi.
- un flic vous arrête (avez-vous noté mon affection envers les professions uniformées),
- vous baissez votre vitre en riant à gorge déployée,
- "vous trouvez ça drôle ?" demande le pandore qui sait bien qu'il fait chier le monde et que votre hilarité est anormale mais, complètement parano comme l'est la gent maréchaussère, s'imaginant qu'elle lui est adressée,
- "Oh oui, monsieur l'agent, avec mon amie ...". Là, vous venez de dire la connerie de votre vie en oubliant que le botté est également assermenté, qu'il peut donc vous couper la parole et que vous aurez forcément tort d'avoir dit ce que vous n'avez pas dit. Parce que là, la vérité subjective va faire des ravages.
Au début de l'action, vous êtes en situation de séduction par le biais d'une franche rigolade qui vous permet de taper sur les cuisses de votre passagère afin d'en apprécier la fermeté (ferme vous continuez avec des histoires de Toto, pas ferme vous abordez Freud). L’autre vous arrête comme bien souvent au simple motif que "tiens une belle nana, je vais lui montrer ce que c'est qu'un vrai mec". Donc vous n'avez pas compris que "le ganté avant de vous causer" est en réalité en conflit ouvert avec vous pour savoir qui va procréer (lui non plus d'ailleurs n'en est surtout pas conscient mais on lui en demande pas tant) et vous, comme un con, vous restez dans votre flirt ha! ha! hi! hi ! tout en lui tendant une perche comme on tend une carotte à un âne.
Vous agissez chacun dans votre vérité à vous, en donnant au comportement de l'autre des justifications qu'il n'a pas et je vous raconte pas la suite tellement ce n'est pas beau à voir ...
 
Donc c'est plus grave mais il ne faut quand même pas exagérer ... ça n'implique que vous, c'est votre problème à vous tout seul et, il faut bien l'avouer, l'humanité s'en fout comme de sa première pierre à briquet.
Le vrai grave, c'est l'utilisation de la vérité subjective sur des masses d'individus, voire des nations toutes entières. Ce n'est pas encore le plus dramatique, comme nous le verrons par la suite, mais ça a déjà des effets aussi pervers qu'un député qui fait croire à sa femme qu'il se rend à la chambre.
Vous aurez noté que l'élu ne ment pas, qu'il utilise simplement une vérité subjective qui, il le sait, aura une signification acceptable pour sa moitié le croyant parti pour son boulot (à la chambre des députés), mais qui aura un tout autre sens pour celle qu'il va rejoindre (dans une chambre d'hôtel), surtout s'il utilise la technique du cyclozimeur à commande rotative communément appelée levrette royale.
Aparté : cette révélation fracassante (en exclusivité mondiale sur ce livre) vous explique pourquoi, chaque jour, le Palais Bourbon est vide alors que le Sofitel du coin affiche complet sur la mine réjouie du loufiat de service qui, dans sa poche, malaxe d'une main avide les coupures de 20 € que reçoit celui qui ne voit rien, alors que vous aviez toujours imaginé que cette image stimulante et vivante du bonheur était due à un salvateur grattage de couilles.
 
Donc, les politiques sont les champions toutes catégories de la vérité subjective, histoire de nous faire croire que nous entendons ce que nous voulons entendre alors qu'ils sont en train de nous dire autre chose dont la traduction la plus proche serait : "Bande de cons vous l'avez dans l'os jusqu'aux prémaxilaires". C'est vous dire s'ils nous la mettent profond la vérité subjective. Exemple simple et connu de tous, pour se faire élire ils annoncent : "Votez Moi parce qu'avec Moi, les impôts vont baisser !".
Youpi !
 
Nous, veaux, on vote pour le filou qui, dès qu'il est élu, rajoute : "... sur 5 ans". Et comme pendant cinq ans le sournois va surtout les augmenter (mais "pas comme ils auraient dû", les vérités subjectives étant empilables), nous payons finalement plus d'impôts avec, en prime, dans la gorge ce goût amer et fort d'arabica-robusta provoqué par une paire de testicules subissant le syndrome de l'amygdalite aiguë.
 
Bien sûr on avale un bon coup parce que, vous ne l'avez pas oublié, il y a les musclés. Parfois on se mouche très fort, mais c'est rare. Et puis, derrière, il y a toujours quelqu'un qui a quelque chose à vous faire avaler en annonçant : "Je vais vous dire la vérité ...".
Donc désormais, essayez d'écouter les politiques comme je le fais et de ne gardez de leur discours que ce qui est objectif. Vous vous apercevrez vite, qu'au mieux, la seule information fiable qu'ils donnent est : nous sommes en France*.
* Pour les "étrangers" remplacer France par le nom de votre pays.
 
Pour celui qui sait ignorer les vérités subjectives qui, finalement, n'annoncent rien, les journées sont faites de longs silences ...
 
Oyez ! Oyez !
 
Voici maintenant que se présente à vous l'erreur humaine, le pire que tout, l'impasse obscure, l'anti-modernité, l'anti-paix, le progrès à l'envers, le broyeur d'intelligence, la non-solution, le j'entretiens la stupidité, l'arme des salauds et des ignorants qui les encouragent, l'outil de manipulation par excellence, la seule réelle différence entre l'homme et l'animal hélas, la machine à fabriquer des cons, la lessive qui lave plus con que con, l'étai du système, le dieu qui se dédouble pour s'appeler démon, l'illusion qui se camoufle derrière les certitudes, la béquille des âmes, le mirage de la culture, le souriez vous êtes baisé, le truc pour lequel tout le monde se lève, la matière à bourrer les crânes, la chose humaine qui eut un sens et n'en a plus ...
 
Mesdames, Messieurs, saluez bien bas l'illustrissime PARADIGME !
 
(A mi-voix) Amis incultes, en voyant apparaître la chose et sachant que je vais la commenter, votre attention soutenue susurra a votre lobe cervical le mieux adapté que ce soir vous alliez vous coucher moins con. Et vous eûtes raison d'aparter de la sorte car le sujet est d'importance. Sans exagérer d'aucune sorte je dirais même qu'il est aussi capital que la chèvre est essentielle au légionnaire.
 
Trêve de tergiversations, abordons le sujet avec courage et détermination : qu'est-ce qu'un paradigme ?
 
Eh bien un paradigme c'est une chose à laquelle on croit alors qu'elle n'existe pas ou alors qu'elle n'est pas démontrée ou alors qu'elle ne repose sur rien.
 
Vous pensez sans doute qu'il faut être très con pour en arriver là ?
Et pourtant, la majeure partie de notre vie repose sur ces certitudes qui guident la plupart de nos actes sociaux.
 
Et le plus grave, avec ces paradigmes, c'est qu'ils sont aussi collants que la crotte au cul du chien qui oblige ce dernier à faire du surf sur la moquette pour s'en débarrasser tout en laissant une jolie trace brune là où il passe.
Ca signifie que si vous apportez à quelqu'un toutes les preuves irréfutables que le paradigme auquel il croit est aussi fiable qu'une promesse de ministre, et bien ... ce quelqu'un continuera à fonctionner quand même selon ce paradigme !
 
Et si la vérité subjective fout la merde parce qu'avec elle on ne se comprend pas, je ne vous parle pas du paradigme ! Parce que la vérité subjective est éphémère, elle ne constitue qu'une incompréhension momentanée et, si l'on arrive à s'expliquer, on peut finalement trouver un terrain de négociation.
Avec le paradigme, pas question ! Il est là, bien ancré dans vos traditions, avec autant de réalité qu'un mirage mais désaltérant comme une conviction !
A tous les niveaux auxquels il apparaît, le paradigme est une manifestation de fanatisme, c'est à dire un refus formel de toute remise en question.
 
Bon ... vous vous dites y cause, y cause, mais nous on voudrait bien un exemple.
 
Voilà, voilà, et on commence avec un de ceux dont je vous parle depuis le début : l'homme n'est pas un animal. Et ne croyez pas que cette croyance idiote ne touche que la plèbe. Un jour, à la fin d'une de mes conférences, je me suis retrouvé au déjeuner face à un cadre dirigeant d'une très importante entreprise qui, martelant des poings sur la table, ânonnait, les yeux dans le vague : "j'suis pas un animal, j'suis pas un animal, ..."
Vous vous dites que ce n'est pas grave de croire ou non que l'homme n'est pas un animal ? Ben si c'est grave ! Parce que quand l'homme dit ça, il annonce de façon sous-jacente la notion d'âme réservée à l'homme. Et partant de là, ne pas oublier qu'avant l'animal il a fait de coup à la femme ! Eh oui mes chérubins d'amour, au moyen âge la femme n'était qu'une pisseuse sans âme ravalée au rang d'animal. Et puis après, on a fait le coup aux indiens d'Amérique qui, du coup, sont devenus des bestiaux. Et quel mal y a-t-il à exterminer une espèce animale ? Et puis on a continué avec les noirs. Et même aujourd'hui, demandez à un membre de Kux Kux Klan si les noirs ont une âme ?
 
Au cours de l'histoire, ça fait quand même quelques millions de morts pour une connerie d'âme dont tous les cons qui en affirme l'existence sont incapables d’en démontrer la réalité ! Il y a peut-être une âme, ça serait même rassurant. Mais personne, scientifiquement, n'en sait fichtrement rien ! Alors, l'âme, ce n'est pas un beau paradigme ?
 
Imposer un paradigme, c'est refaire la vie, croire que l'on peu manipuler la nature ... se prendre pour dieu ? En quelque sorte, mais souvent ça fonctionne comme le roudoudou infirme d'un amputé de la prostate ...
 
La monogamie, par exemple. Voilà un chouette paradigme qui vous fait plein d'ennemis si vous le dénoncez.
Parce que l'homme, comme la plupart des mammifères et en particulier les primates n'est, naturellement, absolument pas monogame ! Mais la religion est venue mettre son nez là dedans et paf, écoute plus la nature mais Dieu ... si ça te travaille t'as le choix entre Germaine et Germaine, la carte n'offrant qu'un menu pour la vie. Problème : la nature est là, bien présente, alors que dieu ne se manifeste pas des masses. Et chacun se met à interpréter la monogamie à sa petite sauce personnelle.
Les puissants, d'abord, s'en foutent comme de leur première chemise. Alors ils ont une épouse pour les jours de très, très grande faim ... et des favorites pour les douceurs.
A la cour de Louis XIV, toute femme est une opportunité de "garde mon sceptre au chaud t'auras de l'avancement" sans que cela ne choque qui que ce soit, la semence royale étant acceptée comme celle du dominant ce qui génère donc des privilèges.
Là, Dieu, fallait qu'y regarde ailleurs.
Mais le roi il s'en foutait, il avait toujours son confesseur rien qu'à lui qui donnait l'absolution en direct pendant l'acte. On ne parlera jamais assez de ce métier difficile et épuisant ...
 
Les grands d'aujourd'hui, en France, je ne vous en cause pas. C'est tout aussi salace mais là, je risque un paquet d'emmerdes. Clinton, on en a assez parlé ...
 
Dans les entreprises, même topo ... la promo roulade sous le bureau, ça marche du feu de dieu avec des notables qui emmènent quand même Germaine à la messe tous les dimanches. Avec le schéma domination/reproduction, elle en prend plein la gueule la monogamie face aux "Mad'moiselle, veuillez passer sous mon bureau s.v.p.".
 
Et puis il y a tous les autres, vous, pas moi, qui se retrouvent le soir dans une voiture sur un parking, au bord d'une route, au milieu d'un chemin ou dans n'importe quel coin même pas désert tellement c'est devenu banal. Après, on rentre chacun chez soi et on répond au sondeur un "tromper ma femme, MOI ? Mais non ..." qui oblige les instituts à faire des calculs tellement compliqués qu'ils savent même plus donner des prévisions d'élections. Normal ! Là aussi c'est une affaire de cocus.
Et tout ça, ça complique vachement la vie. Parce que l'homme se trouve face à un dilemme affreux : faire des choix que la nature, elle, ne lui a jamais demandé de faire. Résultats : on divorce, on gâche la vie des gosses, le monsieur a pris une option déchirante alors qu'il avait rien contre rester avec les deux et que les gosses ils avaient rien contre voir arriver les petits frères de deux côtés à la fois, même de trois, histoire de constituer vite fait une équipe de foot ou d'organiser des concours de lancer de lardons.
Si on créait la Fédération Française de Cocufiage (FFC), c'est sans doute le sport qui, à l'échelle nationale, aurait le plus de licenciés. Ca, ça va donner des idées, et bientôt y'aura des droits TV. Peut-être même que ça pourrait être reconnu discipline olympique.
 
Si j'ai le temps, un jour, je vous expliquerai pourquoi on a créé la monogamie. Mais, d'ores et déjà, je peux vous dire que, si elle était abolie, on reconnaîtrait les riches à l'autocar qu'ils utiliseraient les jours de sortie en famille. C'est la vie.
 
Mais, me direz-vous, pourquoi ce n'est pas la monogamie qui serait naturelle ? Parce que, bande de lobotomisés du lobe gauche, il suffit de savoir compter ! Un homme, il peut procréer combien de fois en un an ? Et une femme ? Vous pigez la différence ?
Eh ! Faut vous faire souffler dans les oreilles ! Tenez !
Prenez deux îles désertes. Sur une des deux, mettez un homme et cinquante femmes. Sur l'autre, mettez une femme et cinquante hommes. D'après vous, au bout de deux siècles, vous trouverez quoi sur chacune de ces deux îles ?
Hein ?
Bah ouais, bah ouais.
Sur l'île au bonhomme tout seul, la nature aura fait son boulot et la verrue d'océan sera peuplée. L'autre sera tout aussi déserte qu'avant si ses mâles habitants n'ont pas été capables d'inventer le clonage. Et inventer le clonage sur une île déserte, c'est pas fastoche. Et ils peuvent tous se taper la bonne femme cinq fois par jour, elle virera vite carpette mais ne pondra un mouflet que tous les neuf mois. Ajoutez à cela les risques de mortalité infantile et l'île va vite être rendue aux lapins qui sont plus malins que nous.
 
Si je sens mes lectrices agacées, je perçois comme un intérêt aussi soudain que passionné des mâles envers les paradigmes.
 
Vous en voulez un autre ? Eh bien vous l'aurez voulu ! Nous allons parler du temps ... le temps est un paradigme, un concept qui n'existe pas en tant que "chose", une croyance qui est devenue vérité à tel point que l'on croit soit en posséder, soit en manquer. Il y a même des tellement cons qu'ils donnent du fric à des rusés qui enseignent comment le gérer !
Je vous sens cois et un tantinet gênés, avec aux lèvres le sourire niais du politique découvrant avec horreur, sur un écran TV et en plein milieu d'un débat, le spectacle des profondeurs insondables bien qu'ordinaires qu'offre la béance de son orifice braguettaire.
 
Cré nom de diou ! Le temps n'existe pas ?
Bah non. Et, juré, c'est pas moi qui l'ai piqué !
 
Vous résistez ? Et bien, comme on dit, donnez-moi du temps. Je veux le voir là, devant moi, bien réel. Je veux l'examiner, analyser ses composants atomiques, en trouver les propriétés massiques et énergétiques.
Une montre, les jours, les mois, les années ?
Vous auriez pu trouver mieux !
 
Je vous demande du temps et vous me donnez du mouvement, vous savez toutes ces choses qui bougent et qui font que nous existons. Une montre est un mécanisme dont le mouvement s'affiche en face de repères eux mêmes dérivés de la rotation de la Terre autour du soleil qui nous renvoie les paradigmes de tous les calendriers, chacun s'accordant du sien, la durée d'une année chinoise n'étant même pas la même que la nôtre. Et là, nous avons bien l'une des caractéristiques du paradigme qui consiste à dire que les mêmes croyances ne génèrent pas mêmes résultats.
 
Essayez de faire croire à rien et personne n'y verra la même chose.
 
La théorie de la relativité d'Enstein ? Et bien ? Il y est question d'énergie, de vitesse, de masse. Il s'agit de lois liées à la dynamique et non au temps. Dans les expériences menées, l'horloge n'est qu'un instrument de mesure de mouvements traduits ensuite en corollaire de temps, alors simples références mathématiques comme l'est le kilomètre pour les distances.
Et le kilomètre existe-t-il ? Essayez de demander au vendeur costaud de vous livrer trois kilomètres pour samedi matin. Insistez un peu et vous verrez que c'en sont cinq qu'il va vous graver dans la figure !
 
Le temps n'est donc qu'un instrument de mesures étalonnées du mouvement, servant à apprécier ce que dure une action de façon arbitraire mais compréhensible par tout le monde. C'est une référence qui a autant d'existence que le bleu du ciel (je ne vous avais pas dit que la nature ne connaît pas les pigments bleus, l'effet de couleur bleu n'étant que le fait de la diffusion de la lumière ? Oooops ! Quand même, vous saviez bien que les jolis yeux bleus ne sont en réalité que des yeux sans pigments !)
Le temps (puisqu'il faut quand même l'appeler ainsi) n'est donc relatif qu'en fonction de la perception que nous avons des actions en cours dans l'espace/temps que nous occupons, servant nous-même alors de référentiel ... subjectif.
 
Si vous avez déjà été en réel danger, vous avez forcément constaté comment le temps donne l'impression de se dilater, comme l'action semble brutalement ralentie. A la vue de la même scène, un observateur impartial (qui pourrait être la même personne vivant une situation identique mais sans y être impliquée) n'aura pas sa notion de temps modifiée, son potentiel réactif propre n'étant pas stimulé.
Autre exemple que tout le monde connaît, les expériences menées en milieu clos, en lumière artificielle. Très vite, le sujet qui se prête à cette expérience voit ses rythmes "temporels" complètement modifiés. Le mouvement reprend le dessus ...
 
Mais je déconne, je déconne ...
L'important est que vous ayez compris que le paradigme, s'il permet de se comprendre, d'imaginer que nous parlons tous de la même chose, n'est en fait qu'une illusion et n'a donc, en cas de nécessité, aucune fiabilité. Les chrétiens jetés aux lions pouvaient prier Dieu, à de rares exceptions près l'appétit des bestioles n'en était pas affecté. Au contraire. C'est mieux la nourriture qui bouge encore un peu, c'est un signe de fraîcheur.
 
Tiens ! Essayez d'enseigner le catéchisme à un lion ...
... et découvrez, pendant qu'il vous croque, que la société humaine repose essentiellement sur des paradigmes.
 
Alors ? Avez-vous bien saisi combien la vérité est rare et que vouloir la chercher à tout prix est illusoire. Il faut vraiment être aussi con que moi pour s'y essayer.
 
Et dire qu'il faut entamer un nouveau chapitre ...
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